Date: fin mars – début avril 2025
Localisation: ferme Eco-Dyn, Loroux-Bottereau (44) / Ferme des Prés d’Orée, Orée d’Anjou (49)
Une parcelle est destinée à un semis d’orge de printemps brassicole. Les travaux ont été repoussés jusqu’à maintenant du fait de sols détrempés, rendant impossible les interventions. La parcelle avait été semée en engrais vert estival en juin 2024, et aucune intervention n’y avait été pratiquée depuis, si ce n’est un broyage de l’herbe en fin d’été pour permettre à d’autres espèces que les espèces dominantes (tournesol et sorgho) de prendre le relais pour la fin d’année.
Une tentative de fissuration combiné avec fraise de scalpage a été amorcée mi-mars, rapidement abandonnée. Le sol était encore bien trop humide en profondeur. C’est un travail simple à la fraise qui a été réalisé, en surface (à peine 4 centimètres) avec pulvérisation de ferments lactiques.
Du fait des conditions, les paramètres ont été ré-ajustés:
– la vitesse a été réduite, le terrain étant encore frais par endroits (2,6 km/h contre 4 – 4,5 km/h en conditions habituelles)
– le volume de ferments lactiques a été monté (150 litres/ha contre 100 litres habituellement), pour deux raisons. Pour des raisons mécaniques d’abord, la réduction de la vitesse rendant difficile de tenir le débit (pulvérisation à 1,6 bar de pression, avec les buses vert foncé). Et les sols sont encore froids à cette époque (autour de 10-12 degrés en journée), en augmentant la dose nous cherchons à maximiser l’efficacité du compostage de surface.
Le semis a été réalisé quelques jours plus tard (02/04/2025), nous partagerons l’évolution de la décomposition de la biomasse végétale et le choix des modalités d’implantation.
Voir l’article précédent sur le compostage de surface et l’usage des ferments lactiques
En plus de travailler nos propres parcelles, nous travaillons avec des agriculteurs voisins ce qui nous permet de partager du matériel et des coups de main, mais aussi de multiplier les expériences. Cet automne nous avons travaillé avec Nathan, éleveur à la ferme des Prés d’Orée, en lui mettant notre semoir à disposition pour réaliser des sur-semis de méteil dans ses prairies. Les semis ont été réalisés dans des conditions variées fin octobre-début novembre, allant de prairies peu productives à des prairies de 5-6 ans en bonne forme. Le méteil est un mélange de triticale – pois – vesce, semé entre 150 et 180 kg/ha. Augmenter les doses n’est pas limitant pour Nathan, qui cherche avant tout à produire du fourrage vert pour les vaches, pas du grain. Les parcelles avaient été préalablement fauchées ou pâturées (certaines ont même été semées avec les vaches encore présentes dans les parcelles). Certaines ont été roulées après semis, mais Nathan ne voit pas de différence notable avec ces modalités.
Au sortir de l’hiver il est globalement satisfait du rendu. Le semoir a permis de passer dans les différentes situations. De manière générale il constate un « nivellement » de la production dans les parcelles, assez hétérogènes. Les zones où l’herbe était dynamique, le méteil s’exprime peu et l’herbe a rapidement repris le dessus. À l’inverse, dans les zones faibles, le méteil se développe fortement et rattrape la hauteur d’herbe des autres zones. Nathan attend encore pour faucher, gagnant encore un peu de biomasse chaque semaine.
La saison marque aussi le démarrage de nombreuses espèces de plantes. Nous avons ainsi fait une première cueillette de fleurs de pissenlits. Mis à sécher, ils seront stockés avant d’être utilisés pendant la saison végétative de la vigne, en fonction des besoins.
Nous avons aussi profité de la période pour lancer un nouveau cycle de fabrication de ferments lactiques, pour les travaux à venir (préparation de parcelles, apports au sol ou en foliaire à la vigne). Une cueillette a permis d’y ajouter des fleurs et feuilles de pissenlits, des feuilles de rumex, des jeunes pousses de ronces, de saule et d’ortie, des fleurs de genêts. Nous profitons ainsi de la diversité de notre environnement pour tenter d’adapter au mieux nos préparations à notre contexte. La fermentation a été lancée sur la base de 100 litres de préparation restant après utilisation, dans une cuve de 1000 litres. Nous y avons simplement ajouté 30 litres de mélasse, de l’eau de pluie chaude (27°C), 3 kg de sel marin et les plantes mises en sac. Du fait de la base et de la mélasse, le pH était déjà assez bas (autour de 4,6). Deux jours après le pH avait atteint 3,55. La cuve est donc désormais en attente, prête à être utilisée.
Enfin, l’approche de Pâques est l’occasion de préparer notre première prêle. Nous utilisons de la prêle séchée (100grammes/ha), qui est mise à tremper 24h dans de l’eau de pluie avant d’être chauffée pour une décoction. La préparation sera ensuite laissée quelques jours, avant d’être filtrée, dynamisée 20 minutes et pulvérisée dans nos vignes. À l’approche de la plein lune avant Pâques, les conditions sont réunies pour stimuler l’activité des micro-organismes, en particulier les pathogènes (dont notre cher mildiou, dévastateur en 2024). La prêle doit permettre de tempérer et réguler ces processus. Elle sera appliquée au cours de la semaine du 7 avril.