Vers une vigne autofertile ?

Poser les bases d’une viticulture régénérative

Depuis plus de 25 ans, Ecodyn s’implique dans le développement et la promotion de l’Agriculture Biodynamique. Concepteur et fabricant de matériels innovants pour répondre aux besoins des producteurs, Ecodyn s’implique également dans la construction et le partage libre des connaissances pour une agriculture plus résiliente. En particulier, l’organisation de formations pour la promotion de l’Agriculture Régénérative nous ont permis d’aller plus loin pour proposer des solutions globales vers le chemin de l’auto fertilité et de l’autonomie des systèmes de production.

Devenus producteur à notre tour avec l’acquisition de parcelles de vignes en 2020, nous souhaitons nous impliquer davantage dans le développement d’une viticulture durable, résiliente et respectueuse des écosystèmes.

L’agriculture régénérative se veut le pont entre des disciplines variées (pédologie, agronomie, géologie, physiologie, microbiologie…) qui, en se spécialisant, se sont parfois empêché d’observer leurs voisines. Elle est l’adéquation entre une approche scientifique, empirique et sensible du vivant. Elle s’appuie sur l’expérience des vignerons, issue de longues années de compagnonnage entre les hommes, leur terre et leurs cépages. Elle fait le pari du vivant et, convaincus qu’il n’existe pas de réponse unique et miraculeuse, nous cherchons à établir une série de possibles permettant à chacun d’intervenir au plus juste, en conscience.

Plus que jamais, la viticulture « régénérative » renforce les liens entre la plante, son sol et le vigneron. Nous sommes convaincus qu’une viticulture durable ne peut se résumer à une suite de recettes prêtes à l’emploi. Elle doit s’appuyer sur l’expérience et l’expérimentation pour établir les modalités les mieux adaptées aux contextes pédoclimatiques et humains de chacun.

Notre démarche s’avance avec humilité afin de construire ensemble ces références, nouveaux étalons d’une viticulture plus résiliente. Elle s’inscrit dans les démarches de recherche participative où chacun, de par sa place et son expérience, jouera un rôle déterminant. Il nous semble primordial de territorialiser nos actions pour s’approcher des problématiques et des attentes de chacun.

 

L’agriculture régénérative, qu’est-ce que c’est ?

L’agriculture régénérative replace la relation entre le sol et la plante au cœur des processus biologiques. Pour Christine Jones, pédobiologiste australienne, «l’agriculture est régénératrice quand les sols, les cycles de l’eau, la végétation et la productivité s’améliorent continuellement au lieu de rester au même niveau ou de se détériorer lentement.»

Elle poursuit un objectif triple : l’organisation et la fertilité des sols, la vigueur et la santé des plantes, la qualité des produits. Elle s’applique pour cela à régénérer les sols dégradés, à augmenter les taux d’humus dans les sols, à assurer une meilleure gestion de l’eau et de l’érosion, à rechercher un meilleur comportement et équilibre sanitaire de la plante, tout en s’assurant des résultats économiques solides.

Des plantes saines créent des sols vivants et fertiles

La fertilité repose sur

– la Photosynthèse

– les interactions entre plantes et micro-organismes du sol

Il est temps de considérer le grand cycle de la fertilité. Le sol nourrit la plante, mais l’inverse l’est tout autant. Une plante saine, avec un haut niveau d’énergie, libère des exsudats racinaires au niveau de ses racines. Ces exsudats riches en glucides, issus de la photosynthèse, sont le carburant qui alimente les communautés microbiennes et fongiques du sol. Ils contribuent à la formation rapide d’humus, pilier pour construire la porosité et la stabilité de nos sols cultivés.

Pour une autre approche de la santé des plantes

Un être vivant bien alimenté dispose d’une immunité améliorée face aux pathogènes du sol et de l’air et une meilleure résistance générale. Pour cela, elle doit disposer des éléments minéraux nécessaires à son métabolisme et d’une photosynthèse efficace. La progression vers un meilleur fonctionnement remet en place les capacités naturelles et biologiques du système biologique sol-plante.

Vers une vigne autofertile

Après des décennies de « lutte » contre les ravageurs multiples, la situation de la viticulture est alarmante. Malgré une consommation importante de phytosanitaires, les « maladies » héritées du 19e siècle exercent une pression permanente (mildiou, oïdium, black-rot) sans empêcher les maladies nouvelles (esca, flavescence dorée). Afin de sortir de cette spirale entraînant le dépérissement des vignobles et l’érosion des sols, il est urgent de disposer d’alternatives crédibles pour reconquérir la fertilité des systèmes, associant croissance et santé de la plante.

 

Cette approche repose sur un triptyque biologique vertueux et complémentaire :

                                               – une vigne en santé

                                               – un sol vivant

                                               – un environnement bio-climatique protecteur

Elle doit permettre de construire le chemin vers l’autofertilité.

Respecter l’intégrité de la plante

Les pratiques agricoles sont pour partie responsable du dépérissement de nos vignobles. Depuis 150 ans, la recherche d’un haut niveau de production couplée à la réduction des coûts de production ont participé à l’affaiblissement de la vigne et à sa fragilisation face aux aléas climatiques.

Plusieurs pratiques nous permettront de respecter au mieux la naturalité de la vigne, sa morphologie  et sa physiologie de liane.

La mise en place d’une tailleadaptée et de pratiques non-mutilantes sont des bases saines pour une réelle appropriation d’une « biologie des réserves », à-même de faire progresser la plante dans sa capacité de vitalité et de résilience.

La conduite de la vigne, de son architecture et des densités de plantation, associée à la gestion du plan de palissagedoivent être requestionnés pour nous adapter à l’évolution

Construire des sols vivants

Intégrée dans le cycle de la fertilité des sols, la viticulture régénérative s’appuie sur une couverture végétale maximale, permettant d’optimiser la photosynthèse et les interactions entre la vigne et la microbiologie des sols. Ainsi positionnés, les couverts végétaux occupent une place centrale dans la gestion organique du système cultivé.

Cela nécessite de travailler avec les flores adaptées à chaque contexte et aux stratégies déployées. En particulier, le choix des périodes (hivernales, estivales) est une décision majeure, tout comme sa répartition dans l’inter rang ou sous le cavaillon. L’emploi d’une diversité des espèces permet d’optimiser les processus biologiques du sol mais doit être raisonnée en fonction du matériel disponible sur le domaine.

Enfin, le pilotage de ces couverts est une composante majeure de leur réussite. Il nécessite pour cela un matériel adapté et performant pour son implantation et sa gestion (roulage, tonte, incorporation au sol). Par exemple, la technique du compostage de surface(parfois associée à l’intégration de ferments lactiques) pourrait s’avérer une piste favorable à leur efficacité.

Accompagner la transition

Nos pratiques cherchent à amplifier la fertilité du vignoble, en repensant la vigne dans un écosystème favorable. Elles érigent la santé de la plante et des sols comme un objectif prioritaire.

Selon les situations, le recours à la fertilisation peut s’avérer opportun mais elle doit être raisonnée à l’aune des principes exposés ci-dessus. En particulier, certaines pratiques vitalisantes, comme les thés de composts oxygénés, pourraient permettre d’accompagner le végétal dans cette transition vertueuse.

Nous rejoindre dans cette démarche

La mise en place d’une viticulture régénérative et durable est exigeante car elle est multiple et complexe. Mais en faisant le pari du vivant, elle construit un environnement fertile et protecteur. Pour cela, nous avons pris conscience que chacune de ses techniques prise seule ne nous permettra pas de nous sortir des impasses actuelles. Bien au contraire, seule une gestion globale, associant ces pratiques entre-elles pour renforcer les interactions entre la plante et les autres unités qui composent son écosystème nous permettra d’affiner nos pratiques et d’effectuer la « juste » intervention.

Si nous sommes convaincus de la justesse et de la cohérence de notre démarche, car elle fait la part belle aux interactions qui organisent les processus biologiques, nous mesurons le chemin qu’il nous reste à parcourir pour participer à relever ce défi.

C’est dans cette démarche que nous nous inscrivons en cultivant nos vignes, sur les quelques hectares qui viennent construire notre domaine, au cœur du Muscadet.

Nous avons la conviction que les changements qui animeront la viticulture seront collectifs. Ils tireront le meilleur des expériences des uns et des autres, qu’elles soient issues de l’agriculture biologique, biodynamique, ou simplement attachée au respect de la plante et de notre environnement.

Notre démarche est attachée viscéralement à notre territoire, le vignoble Nantais. Nos activités initiales de développeur de matériel et de « constructeur » de savoirs nous amène à être en contact avec d’autres vignobles, en France ou à l’étranger. Elles nous offrent de fait une place d’acteur inédite dans le paysage viticole. C’est pourquoi nous nous souhaitons pouvoir répondre aux demandes venues d’autres vignerons désireux de s’engager dans cette démarche innovante.

Cet échange prendra sans aucun doute des formes diverses, ancrées sur les territoires.

Pour initier ce mouvement, nous nous proposons d’intervenir auprès de groupes constitués ou en création, sous la forme de groupes de travail.

Sur une durée d’un ou deux jours, nous vous proposons d’approfondir les concepts et les techniques d’une viticulture régénérative et de définir ensemble les bases d’un plan d’actions adapté à votre contexte.